Septieme-ciel.jpgRéalisé par Andreas Dresen, coup de coeur du Jury de la sélection Un Certain Regard à Cannes en 2008 (Pour lui, son nouveau film, sort en salles le 4 avril prochain, et a obtenu le Prix Un Certain Regard à Cannes en 2011)

C’est rare de voir un film sur la vieillesse aussi ouvert, aussi libre et aussi peu enclin à la pitié. Septième ciel n’est pas « un film sur la vieillesse », c’est un film qui raconte l’histoire de personnages qui sont vieux, nuance qui change tout. Parce qu’on est jamais dans le registre « sujet de société » avec discours globalisant, on est dans le portrait sensible et mouvant d’individus qui vivent, qui aiment, qui désirent, qui souffrent, qui font souffrir… toutes activités exaltantes qui ne disparaissent pas sous prétexte qu’on a dépassé la soixantaine. Inge approche les 65 ans, elle est mariée depuis trente ans avec Werner et l’affection, la tendresse sont toujours là, ciment d’une union qui coule des jours somme toute heureux. Elle est belle, Inge, son corps est encore épanoui, sensuel, tout à fait apte à désirer et inspirer le désir mais elle n’y pense pas, elle laisse cette partie de son être en sommeil…
Pour arrondir les fins de mois, Inge fait de la couture à domicile et c’est comme ça qu’elle va rencontrer Karl : il lui apporte un pantalon à retoucher et boum ! Un regard, un frôlement, un sourire, on sent de l’électricité dans l’air. Le coup de foudre, c’est vraiment une péripétie classique au cinéma, pour ne pas dire un procédé largement éventé. Sauf qu’ici, la femme a 65 ans et l’homme 75 ! Et on y croit à fond ! Ça nous touche bien plus que dans nombre de comédies romantiques avec des stars glamour. Mais dans Septième ciel il n’y a pas de vedettes, juste des comédiens inconnus (ce qui ne les empêche pas d’être formidables) qui nous permettent de croire d’autant plus à cette histoire de gens ordinaires emportés par des sentiments qui le sont tout autant mais que les poncifs culturels et sociaux réservent aux jeunes, ou aux personnes « dans la force de l’âge », en tout cas pas aux vieux, censés avoir fait le deuil de leur vie sexuelle et ne plus emmerder le monde avec ça. Et la relation entre Inge et Karl va sacrément bousculer leur entourage…

Andreas Dresen, réalisateur quelques années auparavant de l’excellent Grill point, filme cette histoire d’amour pas comme les autres avec une impressionnante justesse, refusant le moralisme, échappant au simplisme, donnant à chaque personnage une vraie épaisseur, une vraie liberté de mouvement, d’évolution. Il réussit magistralement les scènes physiques, qu’il aborde sans fausse pudeur ni provocation, donnant à la relation entre Inge et Karl la dimension charnelle qui les rend magnifiques, pas malgré mais avec leurs corps vieillissants, alourdis, ridés, usés. Mais vivants, tellement vivants !

(Wolke Neun) Allemagne - 2008 - 1h36 - VOSTF - 1,17Go résolution DVD - ASC distribution - avec Ursula Werner, Horst Westphal, Horst Rehberg, Steffi Kühnert… Scénario d’Andreas Dresen, Cooky Ziesche, Laila Stieler et Jörg Hauschild.