Jig.jpgFilm documentaire de Sue Bourne (inédit en vidéo en France !)

Une des manifestations indiscutables de la magie du cinéma, c’est sa capacité à nous faire vibrer, à nous émouvoir au plus profond, à nous passionner pour les sujets les plus improbables, qui auraient en temps normal éveillé chez nous autant d’intérêt que l’observation au microscope électronique des mitochondries. Bienvenue dans le monde étrange et assez secret de la danse irlandaise, plus spécialement dans les préparatifs du championnat du monde organisé cette année-là (2010) à Glasgow et qui réunit pas moins de 6000 compétiteurs (de 8 ans à la vingtaine et quelque) venus du monde entier, accompagnés de leurs familles et entraîneurs. La force première du film réside sans doute dans le fait que la réalisatrice ne s’intéressait pas plus que nous à la danse irlandaise, et c’est avant tout l’aventure humaine qui l’a passionnée.
Cela dit, on est ébloui par la technique impressionnante de cette étrange danse qui consiste à garder le haut du corps quasi immobile pendant que les jambes s’entrecroisent en des pas virtuoses exécutés à une vitesse ahurissante, faisant ressembler les danseurs à des suricates sous cocaïne. Mais Sue Bourne s’est surtout attachée à des portraits de danseuses et danseurs, enfants et adultes à travers le monde, dont la passion dévorante est communicative et finalement très émouvante.

Il y a Brogan, la petite irlandaise du Nord et Julia, la petite new-yorkaise, qui rêvent toutes deux de la couronne de championne dans la catégorie des moins de dix ans, et s’envoient par youtube les vidéos de leurs derniers pas respectifs. Il y a Joe Bitter, ce jeune prodige californien dont les parents aisés ont accepté de quitter le soleil de L.A. pour la froide Birmingham afin d’être au plus près des meilleurs professeurs. Il y a le petit John, lui aussi de Birmingham, seul d’une fratrie de six garçons à préférer la danse au football, subissant les quolibets éventuellement homophobes associés à la discipline (Billy Elliot is back !). Et puis il y a ce groupe de jeunes filles russes qui dépensent la quasi-totalité de leurs revenus pour financer le costume traditionnel et l’accueil de leur prof de danse venu spécialement de Munich. Et quand on leur dit que tout ça est un peu fou, elles répondent une très belle chose : « Dans l’hiver moscovite, il n’y a que la danse irlandaise qui nous donne l’impression de voler… » Sans parler de tous les personnages attachants de l’entourage, les parents qui soutiennent de tout leur cœur et de tous leurs sacrifices financiers le parcours de leurs enfants, des entraîneurs géniaux comme John Carey, multiple champion du monde qui amène John et Joe à se dépasser dans son école de Birmingham, et cet extraordinaire duo de sœurs qui entraîne Julia.
Et quand arrive la compétition finale, on est véritablement en haleine. On se foutait une heure et demie avant de la danse irlandaise comme de l’an quarante et on se surprend à avoir envie de gambiller devant l’écran. C’est ça, la magie du cinéma…

Irlande - 2011 - 1h34 - VOST - 1,67Go résolution HD 720p (1280X720) - Distrib Films.