Free-Angela.jpgFilm documentaire de Shola Lynch

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Une drôle d’époque de bruit et de fureur où des foules de jeunes étaient capables de se rassembler pour chanter, danser, faire la fête, mais aussi pour s’opposer et protester d’un seul élan, d’un bout à l’autre du monde, contre des formes d’oppression qui leur semblaient intolérables. Ils savaient alors ce que ça signifiait de « se sentir puissants collectivement et capables de changer le monde ». Il y avait de la créativité dans l’air, une forme de romantisme décapant, dans tous les domaines les idées fusaient, se stimulaient, se répandaient en courants vivaces, les films véhiculaient ce souffle-là et les arts étaient une quête constante de sens et de remise en question. Il y eut de grandes histoires, de grandes figures pour marquer cette époque-là de traces indélébiles. Certaines plus que d’autres et une palanquée d’avancées politiques et sociales nous sont restées de cette agitation.

S’il est une personnalité qui a marqué cette période à plus d’un titre, c’est bien Angela Davis, une jeunette splendide d’une vingtaine d’années au visage fin, à la coiffure affro qui lui faisait comme une auréole immense et dont l’effigie fleurissait les tee-shirts dans les manifs. La planète entière s’était mobilisée pour la sauver de la peine de mort… sans face de bouc ni twitter ni aucun des réseaux sociaux d’internet… la chose aujourd’hui semblerait impensable : ils étaient plus de 100 000 à Paris à manifester en scandant son nom, Sartre et Beauvoir en tête, Prévert lui écrivit un poème, les Rolling Stones une chanson : Sweet Black Angel

Angela Davis, aux côtés de Martin Luther King, Malcom X, est une grande figure du mouvement noir américain. Elle adhère au Parti Communiste à dix-huit ans, et devient membre des Black Panthers en 1967. Elle pige très vite que les luttes sont indissociables et qu’on ne peut se battre pour l’égalité des noirs et des blancs sans militer pour l’émancipation des travailleurs, quelle que soit leur origine, leur sexe et leur couleur de peau. Elevée dans la contestation et la résistance par une famille très engagée, elle participe dès douze ans au boycott d’une compagnie de bus pratiquant la ségrégation. Elle fait des études brillantes, qui la mènent un temps à la Sorbonne à Paris, à l’université Goethe à Francfort… et revient enseigner à l’université de San Diego. Elle a un talent oratoire certain, un charisme évident et plein de choses à dire… Elle sera rapidement virée de l’université où elle enseigne : Reagan, alors gouverneur, en fait une affaire personnelle et jure qu’elle n’enseignera plus jamais.

Le 7 août 1970, une prise d’otage visant à libérer George Jackson, membre des Black Panthers condamné à la prison à vie à l’âge de dix-huit ans pour un vol de soixante-dix dollars, tourne mal. Angela, membre du comité de soutien de Jackson, est accusée par le FBI d’avoir procuré les armes qui ont permis le coup de force. Celle que Reagan désigne comme la « terroriste N°1 » est désormais en fuite, traquée par le FBI à travers tous les États-Unis. La planète entière se passionne pour cette femme jeune, belle, charismatique : arrêtée en octobre, elle est accusée de meurtres et séquestration, et risque la peine de mort. Elle sera acquittée, faute de preuves, deux ans après une mobilisation mondiale autour d’un procès hyper médiatisé dont elle ressort libre, grandie, célèbre et plus que jamais résolue à ne pas lâcher le morceau. Elle ne le lâche toujours pas !

USA - 2012 - 1h38 - VOSTF - 1,29 Go résolution DVD - Jour2Fête -

BONUS : vidéo de la rencontre avec Angela Davis lors de l’avant-première de Free Angela à Toulouse (1h06 - VOSTF - 647 Mo résolution HD).