Dernier-ete-de-la-Boyita.jpgÉcrit et réalisé par Julia Solomonoff. Ce beau film peut être vu en famille, avec des enfants à partir de 10 ans.

L’été, c’est souvent le moment des grandes décisions, des grands changements dans la vie de chacun. Et pour les enfants ou les adolescents, l’été est le temps des premières fois, en même temps que les premiers pas sur le passage vertigineux vers l’âge adulte. Pour Jorgelina, qui doit avoir une petite douzaine d’années, cet été-là n’est pas comme les autres. Les années précédentes, elle avait l’habitude de jouer avec sa sœur aînée dans la « Boyita », une vieille caravane garée au fond du jardin. Mais aujourd’hui ses parents se sont séparés, sa sœur se prend pour une grande et la délaisse pour s’intéresser aux garçons, bref l’été familial n’a plus le même goût… Alors la petite citadine de Buenos Aires va rejoindre son père médecin à la campagne, où elle va barboter dans l’étang, observer les grenouilles, et suivre de loin les travaux de la ferme… Mais Jorgelina se sent seule et petit à petit elle va se rapprocher de Marco, jeune garçon de ferme un peu sauvage, passionné de chevaux, qui s’entraîne avec persévérance dans l’espoir de gagner la course du village. Une amitié de gamins de plus en plus amoureuse qui va mettre à jour un secret… Un secret qui tient à la découverte du corps et de son identité sexuelle. Un secret qui va brouiller les lignes et faire vaciller les certitudes de chacun, autant chez Jorgelina et son père que dans la famille de Marco, ancrée dans ses traditions rurales et religieuses. Et dans cette histoire, ce seront finalement les enfants qui auront le dernier mot, le mot juste face à une situation pourtant complexe.

Au-delà de ce point d’intrigue assez inédit au cinéma, Le Dernier été de la Boyita s’avère un très joli film sur l’enfance, confrontée au regard pas forcément bienveillant des adultes (tout particulièrement dans cette Argentine rurale marquée par un joyeux machisme et une exaltation des valeurs viriles) mais protégée par une nature protectrice, qui accueille les premiers émois entre Jorgelina et Marco. Une évocation juste et sensible de ce moment fragile et gracieux où la notion d’intimité survient dans les besoins des enfants, qui passent insensiblement dans un autre monde alors que les signes physiologiques de leur mutation apparaissent. La réalisatrice Julia Solomonoff, qui prouve une fois de plus la vivacité et la finesse du cinéma argentin, a réussi le tour de force de nous faire vivre un conte estival pastoral et enfantin, merveilleux à découvrir en famille, tout en évoquant un sujet sensible et grave avec un angle d’approche qui en fait un vibrant appel à la tolérance, pas démonstratif pour un sou.

(El Ultimo verano de la Boyita) Argentine - 2009 - 1h25 - VOSTF - 1,04 Go résolution DVD - Épicentre Films - avec Guadalupe Alonso, Nicolas Treise, Arnoldo Treise, Mireilla Pascual, Gabo Correa, Sylvia Tavcar…