N_aie-pas-peur.jpgÉcrit et réalisé par Montxo Armendariz

« N’aie pas peur » chuchote le papa (Lluis Homar, toujours aussi juste, toujours extraordinaire) à sa fillette, « no tengas miedo ». Vous spectateurs, n’ayez surtout pas peur lorsque vous aurez pris connaissance du sujet du film, c’est une cicatrice qui ne finit pas de fermer. Une déviance. Quelque chose dont on n’aurait pas envie de parler ou de savoir que cela existe. Un fardeau, une marque laissée par une maladie, quelque chose qu’on voudrait à tout prix effacer de notre existence, et que l’on traite ici de la façon la plus naturelle qui soit. Qu’y a-t-il de plus instinctif que d’aimer son enfant ? De plus physique, de plus « normal » ? Cette incontestable « normalité » va tracer la ligne éditoriale du film, soutenue par une remarquable mise en scène, toute de retenue et de sensibilité, qui refuse la dramatisation excessive, qui approche même de temps en temps la simplicité brute du documentaire, avec juste ce qu’il faut d’huile dans les rouages pour que le film soit en permanence ouvert, accessible à n’importe quel spectateur de bonne volonté, malgré la lourdeur de son thème. Lourd mais jamais plombant parce que toujours humain, toujours équilibré, toujours généreux. Cette normalité va par ailleurs nous installer dans un climat quasiment thérapeutique, « rassurant », pour pouvoir accepter de réfléchir, de prendre du recul par rapport à ce qui nous est raconté par flash-backs.

Nous suivons la vie d’une femme marqué par une enfance tourmentée. À 25 ans à peine, elle décide de tout recommencer et de faire face aux êtres, aux sentiments et aux émotions qui la tiennent liée au passé. Elle décide de mettre des mots sur l’innommable, pour pouvoir se construire, enfin… Dans cette lutte contre l’adversité et contre elle-même, elle apprendra à maîtriser ses peurs et à devenir une femme adulte, responsable de ses actes. Le film excelle surtout par l’intelligence de son traitement, par la volonté de son auteur de ne pas dicter au spectateur sa conduite, sa pensée, de le laisser libre face à un sujet si grave qu’il peut épouvanter, qu’il peut paralyser mais qui est ici traité avec une telle justesse qu’on peut le regarder en face.

(No tengas miedo) Espagne - 2011 - 1h35 - VOSTF - 1,81 Go résolution HD 720p (1280X720) - Ibéri Films - avec Michelle Jenner, Lluis Homar, Belén Rueda, Nuria Gago, Cristina Plazas…