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Film documentaire de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe

Avec Volem rien foutre al païs, un vent salutaire d’agitation et d’utopie souffle dans nos têtes, ça fait un bien fou ! Ceux qui connaissent le trio retrouveront la méthode de Carles, Coello et Goxe : le coup de savate dans les certitudes, dans le discours dominant, pour que nous nous posions ensemble, une fois qu’ils ont dégagé le terrain, quelques questions essentielles. Aujourd’hui, on nous répète qu’il faut travailler, gagner de l’argent, pour être compétitif, pour faire face à la concurrence féroce, que le marché du travail est hostile, que le libéralisme, oui, c’est « le risque permanent », comme le dit Pompidou au début du film, mais que c’est comme ça et qu’il ne peut pas en être autrement, que la croissance, le marché, la technologie règleront tout. Que le salut de tous et de chacun passe par le travail. Pourtant le film va nous faire découvrir des gens qui pensent et organisent le monde autrement, en termes d’autonomie et de libre emploi du temps.

Certains parlent de « décroissance », d’autres opposent la libre activité au travail, certains utilisent le RMI et se qualifient de travailleurs sociaux, d’autres récusent toute forme de compromis avec l’État. À leur manière et avec leurs propres moyens, ils résistent, au nom de la communauté humaine, à ce que le système marchand a mis en place : de faux besoins et une kyrielle d’objets domestiques que personne ne saura plus réparer. Loin de l’action politique traditionnelle et des idéologies bien calibrées, il s’agit plutôt d’organiser ici et maintenant la survie dans un monde qui aurait trouvé ses limites : celui du capitalisme.

Dans les campagnes, Stéphane Goxe interroge la question de l’autonomie et de l’auto-suffisance. Nous découvrons avec lui le simple usage du solaire, de l’éolienne, d’un moteur à eau, de maisons en bottes de paille, de pompes à eau bricolées mais efficaces, de toilettes sèches. En Espagne, avec Christophe Coello, il est question d’inventer de nouvelles conceptions esthétisées de la reprise individuelle, comme « Dinero gratis » (argent gratuit), ou encore de squatter des immeubles à Barcelone. Avec Pierre Carles, il est question d’outrepasser les limites de la provocation admise lorsqu’il tente, face à la violence du capitalisme, de faire admettre comme logiquement explicable, à un dirigeant du Medef, la violence d’Action directe dans les années 70.

Là ou le précédent film du trio infernal, Attention danger travail, évoquait des trajectoires individuelles de déserteurs du turbin, Volem rien foutre al pais montre des expériences urbaines et rurales, toujours bricolées et marginales, mais collectives cette fois, en nous mêlant à la vie quotidienne, aux interrogations, aux joies comme aux peines de ces groupes qui, en fait, en foutent une sacrée rame, mais autrement ! Volem… est un film au ras de l’humanité, mordant, perspicace, jamais moralisateur ou donneur de leçons, c’est un miroir à multiples facettes où chacun pourra contempler sa propre faculté de résistance au système économique qui domine nos vies. Carles, Coello et Goxe ne sont sûrs de rien, ils cherchent, il s’activent à trouver des gens qui s’activent aussi, leur montage témoigne de leurs contradictions, qui sont celles de l’époque.

France - 2007 - 1h47 - 1,59 Go résolution HD 720p (1280X720) - CP Production.